Dans le cadre de la rubrique des distinctions honorifiques, la direction de la 24e édition du Festival international du cinéma africain de Khouribga, qui se tiendra du 11 au 18 mai, a choisi l’acteur marocain Mohamed El Khalfi, 87 ans, et l’actrice ivoirienne chevronnée Naki Si Savani , en plus du cinéma malien comme invité de l’édition 2024.
Mohamed El Khalfi, dont l’expérience artistique dans le théâtre, la télévision et le cinéma s’étend sur plus de six décennies, a joué des rôles de valeur dans plusieurs longs métrages marocains, notamment : “Silence, sens interdit ” (1973), “Feu vert” (1974) de Abdallah Mesbahi, “Les beaux jours de Shéhérazade” (1982) de Moustapha Derkaoui, “El Warta” (1984) de Moustapha El Khayat, “Aouchram” (1997), “Ici et ailleurs ” (2004), de feu Mohamed Ismail , et La cinquième corde de Salma Bargach (2010), en plus de quelques courts métrages, dont « La ligne du temps » (2006) de Hicham Elassri et « Ghadi Nkammal » » (2012) de Rachid Zaki….
Le grand acteur de théâtre, de radio, de télévision et de cinéma, né en 1937 à Casablanca, a consacré une grande partie de sa vie au théâtre, à l’écriture, à l’adaptation et à la mise en scène. Sa carrière d’acteur débute officiellement en 1957, année où il joue son premier rôle dans la pièce “Pour l’amour de la couronne” d’après le célèbre livre de Lotfi Al-Manfaluti, grâce à son ami d’enfance et d’école, le défunt acteur et metteur en scène Mustapha Toumi.
Il est alors remarqué par le pionnier du théâtre Taieb Seddiki qui a été impressionné par sa personnalitéet et lui propose de passer du statut d’amateur à celui de professionnel en rejoignant la troupe de théâtre des travailleurs fondée par l’Union des travailleurs marocains, qui comprenait à l’époque Taieb Seddiki, Aïd Mawhoub, Hassan Skalli, son épouse Latifa Kamal, Ali El Hadani, Ibrahim El Wazzani et d’autres encore.
El khalfi a bénéficié de plusieurs stages avec cette troupe et a participé à ses pièces, “L’héritier” et “Entre un jour et une nuit”, entre autres, qui ont été jouées au Maroc, à la Foire de Bruxelles en Belgique et au Théâtre Sarah Bernard à Paris en 1958.
Après la cessation des activités de la Troupe du Théâtre du Travail, Khalfi rejoint la Troupe Abdelkader El Badaoui en tant que directeur artistique, mais suite à un désaccord avec ce dernier, il quitte ce poste et travaille avec feu Mustapha Toumi et Abdessalam El Omrani dans une œuvre théâtrale avant de rejoindre la Troupe du Théâtre municipal, après sa création, à la demande de Taieb Seddiki, aux côtés de Abdessamad Dinia, Chaibia El Adraoui, Naima El Macharki, Hassan Sakalli, Ahmed Naji et d’autres encore.
Mohamed El Khalfi a fondé la Troupe de théâtre populaire en 1959 et a eu le mérite de découvrir un jeune homme talentueux de l’époque, Abdelkader Moutaa. Il a ensuite fondé la Troupe des artistes unis, qui a présenté une série de pièces, dont la première était “La famille cultivée”, dans laquelle il jouait avec Touria Jabrane.
Mohamed El Khalfi a été l’un des premiers acteurs à rejoindre la télévision marocaine lors de son lancement au début des années 1960, où il a présenté la première série policière intitulée “La victime” et d’autres œuvres telles que “Le vendeur de pain” et une série de sketches, de séries et de pièces de théâtre comiques qui étaient présentées en direct à l’époque.
Dans les années 1970, il se sépare de sa femme Zineb Fahmi, avec laquelle il a publié cinq numéros d’un magazine d’art intitulé Al-Joumhour / Le public, et vit depuis lors en dehors de l’institution du mariage.
Quant à ses autres travaux télévisuels avec la première et la deuxième chaîne, les plus célèbres sont la série comique “Lala Fatima” de Nabil Ayouch (de 2001 à 2003) dans le rôle de Hajj Kaddour Benzizi, aux côtés de Khadija Jamal, du duo Saad Allah Aziz et Khadija Asad, et ” Lakhawatatat/Les sœurs ” (2004), réalisée par Abdessamad Dinia. En plus de participer à la série historique “Moulouk Attawaif” du réalisateur syrien Hatem Ali et à quelques téléfilms (“Al-Dam Al-Maghdour” d’Adel Al-Fadili,…
Il convient de noter que les cineastes marocains n’ont pas suffisamment exploité le potentiel expressif de l’acteur Mohamed El Khalfi, surtout après qu’il ait atteint une grande maturité artistique, peut-être parce qu’il est l’un des rares bons acteurs qui sont fiers d’eux-mêmes, qui n’abusent pas de leur dignité et qui sont convaincus de refuser de travailler avec des producteurs ou des réalisateurs qui ne recherchent que la facilité et le bon marché.
Lors de ces dernières années, il a vécu dans des conditions de santé difficiles, dans un isolement presque total à son domicile de Dar Bouaaza (région de Casablanca). Ce noble geste d’honneur du Festival International du Cinéma Africain de Khouribga a une profonde connotation artistique et humanitaire et c’est tout à l’honneie pour le fondateur pour ce festival qui a 47 ans d’existence (1977-2024), ce qui en fait le plus ancien festival de cinéma actuellement organisé au Maroc.
GOURIRRAN IZ-EDDINE
